Stage Vercors du 30 août au 6 septembre 2015

Jour 1: samedi 30 août, Saint Guilhem le Désert, voie Pilier de gauche. 

Pour ce stage d'une semaine, le groupe se compose de Mélanie, Émilien, François et Daniel, emmenés par Christian. Le plan de cette première journée est de s'arrêter à Saint Guilhem le Désert pour couper la route et y grimper. Nous choisissons la voie "Pilier de gauche", 180m, 8 longueurs, 5c max. Cette voie est située sur le Roc de la Bissonne, on l’atteint après 15 minutes de marche. 




Le début de la voie nous permet de profiter de l’excellente acoustique de la vallée, et nous commençons à grimper au son d'une sono, pourtant située à un kilomètre de là, qui nous inonde de techno. Heureusement ça se calme assez vite et nous pouvons grimper tranquilles.  


Émilien au pied de la voie, prêt à attaquer

C'est parti

Vue de la paroi, 

 Mélanie au relais. On distingue bien le rocher, un calcaire stratifié à bonnes prises

François et Émilien au relais

Émilien arrive au sommet.

  C'est les vacances, short et lunettes de soleil sont de mise.

 Vue d'en haut

Après cette belle voie d'échauffement, nous reprenons la route et arrivons au gite à Die vers minuit, après une "marche d'approche" un peu compliquée, car il est situé à l'extérieur de la ville, et on y accède par 2 km de piste forestière. Heureusement les indications données par la propriétaire sont très détaillées et on finit par arriver.

Jour 2: dimanche 31 août,  falaise des 3 becs, paroi du Veyou, voie "petit écolier". 



La vue depuis le gite au réveil


Le topo de la voie. 8 longueurs. 5 sup max sur le topo, mais bien athlétique, comme le dit aussi le topo: "Toutes les longueurs offrent un passage plus que vertical, voire un toit".  La plus dure est L2, dont la partie finale enchaîne une traversée à droite et un surplomb impressionnant, heureusement avec de bonnes prises. L5 est aussi un grand moment, avec un dalle à silex abordée d'abord à la verticale, et se terminant par une traversée fine vers la droite. Et ce n'est "que" 5b sur le topo.


La voie est sur l'aiguille à droite. L'approche est un peu laborieuse, elle commence par un très beau sentier récemment réhabilité qui mène au Pas de la Siara, puis bifurque  pour un parcours "droit dans la pente", où Christian nous fera une petite frayeur car son genou  coince et il termine appuyé sur un bâton! Heureusement il n'a pas mal en grimpant, et restera opérationnel pour le reste de la semaine. 

Le pied de la voie

Traditionnelle photo de Christian dans la première longueur

Magnifique paysage sur notre droite








François en action




















Petit travail d’assurage au relais, et bonne vue du caillou, du calcaire en strates qui offre de bonnes prises

 Sortie de toit un peu athlétique pour Daniel et Émilien

Émilien et Mélanie au sommet

Après le sommet un peu de corde tendue nous amène sur une crête. 


Lovage de corde dans le soleil couchant

Mélanie en termine à son tour

Descente dans des paysages et une lumière superbes.


Jour 3: Mardi 1er septembre,  Gorge des Gâts, voie "Pipeline". 

Le temps est annoncé incertain pour cette journée, Christian opte pour une voie qui dit-il permet de grimper au sec même s'il pleut. Pour nous c'est synonyme de voie surplombante, ça ne nous rassure pas forcément...
 Cette voie est le résultat d'un projet de Manu Ibarra et ses potes  grimpeurs de la région à la fin des années 90. Manu est un ami guide de Christian qui habite la Drôme, et dont la connaissance du secteur  nous a beaucoup servi dans le choix des voies. Il est l'auteur avec Dominique Duhaut du très recommandable topo Escalades dans le Diois. 

L'approche est minimaliste, 50m de marche et le ruisseau à traverser.

La particularité de la voie est de compter 3 longueurs de traversée à l'horizontale, une vingtaine de mètres au dessus du ruisseau, avant de passer à la verticale. Plus précisément: L1 verticale, puis de L2 à L4 traversée horizontale, L5, L6, L7, L8 verticales. Quand nous arrivons il y a déjà un groupe de 4 grimpeurs qui se préparent. Christian va discuter avec eux et il s'avère que c'est un groupe de l'ENSA de Chamonix qui s'est rabattu sur la Drôme pour cause de mauvaise météo sur les Alpes. On aurait pu les gratter, mais il nous parait préférable de les laisser  passer, pensant qu'il seraient peut-être plus rapides que nous :).

A les regarder grimper dans les premières longueurs, un départ vertical en 6b puis la première longueur de trav', tout a l'air facile, tout en contrôle et en souplesse. Ce sera un peu plus laborieux pour nous.


Chorégraphie des grimpeurs de l'ENSA. Ça à l'air facile vue d'en bas.



Pied de voie à l'ombre

 Christian démarre sous le soleil

Mélanie concentrée et motivée

 Pour l'instant il y a encore des prises pour les pieds

 Après, les espaces entre les strates se réduisent, ça devient plus compliqué

 Vas-y, ça tient!

 Je l'aurai, ce spit...

...je l'aurai!

 
 Ambiance ambiance! On se sent parfois bien seul...

 Mais on garde le sourire


Nous avons assuré le spectacle pour les automobilistes de passage, les cyclistes, les ouvriers du chantier de voirie dans le virage précédant la voie, et même les gendarmes se sont arrêtés! 


Jour 4: mercredi 2 septembre,  Mont Aiguille, voie de la tour des Gémeaux

Là encore, temps incertain, on espère que les nuages se lèveront, ce ne sera pas le cas malheureusement, le Mont Aiguille restera bouché. Dommage, car le site est magnifique par beau temps, mais ça nous a donné l'occasion de grimper dans une atmosphère de brouillard très particulière.
La voie fait 250m, 6 longueurs de 5c max, sur un calcaire gris massif et compact.



Cette plaque commémore la première ascension du Mont Aiguille par Antoine de Ville en 1492. Par la voie normale, 3c max, mais tout de même!

Mélanie dans la principale difficulté, au départ de L4, un surplomb athlétique bien protégé.

Mélanie et François dans un beau dièdre


Le sommet

Descente parfois engagée

Bon là faut faire un peu attention...


Magnifique vue dans la descente, capturée par Christian





Jour 5: jeudi 3 septembre,  Archiane, voie du Levant. 


Changement de secteur pour ce jeudi, direction Archiane, petit hameau à une trentaine de km à l'est  de Die. La voie du Levant est une grande voie de 400m, mais elle offre une possibilité de descendre à mi-chemin, après 7 longueurs, grâce à une vire qui permet de rejoindre une ligne de rappels. Au final c'est cette option que nous choisirons, car le temps est incertain, il commence à se faire tard, et demain sera LA grande journée, avec la Voie des Parisiens aux 3 becs.




La voie tirée du topo de Manu Ibarra

L'éperon de la première longueur

Mélanie sur le fil du rasoir

Mélanie et Émilien attaquent la deuxième longueur

Après lapremière longueur en dièdre le long d'une belle écaille, le rocher devient plus compact, avec des cannelures. La difficulté est une traversée en 6a qui passe paraît-il en libre, mais nous utiliserons une corde en place qui permet de faire un pendule.

Le cirque d'Archiane

Le départ d'une des dernières longueurs est un gros surplomb, initialement protégé par un spit, mais quelqu'un a enlevé la plaquette, ce qui fait que le point suivant est au dessus du surplomb, et le départ sur une terrasse. Pas top pour les grimpeurs de tête Christian et Émilien. Pour les grimpeurs en second ce sera plus ou moins épique. Mélanie fera un peu de courte échelle, Daniel maudira son manque de souplesse. Sagement, François fera une pédale et passera en artif. 


Christian au relais sur la vire médiane

Après les rappels, Christian nous fera une démonstration impressionnante de descente de pierrier à la course.

Jour 6: vendredi 4 septembre,   Les trois Becs, la Pelle, Voie des Parisiens. 

Voie de 12 longueurs, TD, 5c maximum sauf une  6a et une 6a+.



Retour aux Trois Becs pour cette longue journée, réveil à 5 heures, on ne rigole plus.

Lever de soleil au pied de la voie, après une attaque du parking à 7h. 

Cette voie est le premier itinéraire ouvert dans ce secteur, en 1961! L'escalade, comme dit Manu Ibarra sur son blog, y est "aérienne  et engagée". Les Parisiens de l'époque n’étaient pas des manches: Lucien Berardini, auteur de la première de la face Nord des Drus en 1952, Robert Paragot, avec qui Berardini réussit la difficile ascension de la face sud de l'Aconcagua en 1953, en y laissant quelques orteils, Emile Troskiar, guide de Haute Montagne, et M. Gicquel. 
La voie est restée proche de l'origine, il y peu (pas?) de spits sauf aux relais et les points sont une collection de pitons qui ont l'air d'époque. 

Pour accéder au pied de la voie, il faut faire une peu de 3 dans une pente herbeuse, la technique à adopter selon Christian est le "touffing" qui consiste à s'agripper aux touffes d'herbe. S'en suit un passage sur une vire plutôt exposée au pied de la falaise pour atteindre le pied de la voie après une bonne heure d'approche. Avant d'attaquer l'escalade proprement dite, il y a un pas de "ramping", une sorte de tunnel derrière une écaille qu'il faut passer à 4 pattes ou en rampant selon sa corpulence.

Belle dalle verticale pour la première longueur

Beau dièdre dans L2

Ambiance et vue sur la vallée

Mélanie et Émilien dans un passage déversant 

Émilien en traversée


La traversée de L6 sur silex. Photo trouvée sur le net, vu la configuration de la longueur les photographes du groupe n'ont pas pu immortaliser ce passage mémorable. 

Dans le topo, ou dans un article consacré aux 3 Becs, la traversée (seulement 5c...) est qualifiée d'"hédoniste".Ce qui entraînera le soir un débat sur la définition du terme et sa différence avec "épicurien". Voici donc les définitions de Wikipedia:
Hédonisme: doctrine philosophique grecque selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent l'objectif de l'existence humaine. 
Épicurisme: école philosophique fondée à Athènes par Épicure, axée sur le recherche d'un bonheur et d'une sagesse dont le but est l'atteinte de la tranquillité de l'âme.

Alors, les traversées gazeuse mènent-elles à la tranquillité de l’âme? Je vous laisse en juger.


 Une cordée d'Anglais monte dans la Voie de la Résistance à notre droite. Daniel qui ferme la marche les retrouvera au dernier relais, et l'aide de l'un d'entre eux sera précieuse pour défaire les cordes qui s'étaient malencontreusement emmêlées. Il connaissait Pau et le Jurançon du domaine Cauhapé, et il avait préféré emmener son collègue dans la Voie de la Résistance parce que c'est équipé, le fait que ce soit du 6b obligatoire avec un pas de 7a ne les a pas troublés...

 Le cairn au sommet

En attendant non pas Godot, mais Daniel, qui tape le bout de gras avec les Anglais au relais d'en dessous



Jour 7: samedi 5 septembre,  falaise de Saou, Nomade's Land

Le septième jour, Dieu s'est reposé. Il a bien fait, et on aurait mieux fait d'en faire autant! Partis pour dérouler après l'énorme voie de la veille, suivie d'un excellent restaurant (O Dielettante, place de la République à Die, établissement très recommandable pour ses ravioles, ses burgers et sa bière artisanale), nous nous trouvâmes fort dépourvus quand la première longueur en 6a+ fut venue! Des protestations s'élevèrent, des noms d'oiseaux furent lancés par le doyen du groupe pour qui c'était décidément trop, et il fut donc sagement décidé d'écourter la voie et de redescendre en 2 rappels. 



Conclusion

Que retenir de ce séjour Drômois? C'était grandiose! Dense, intense, soutenu, avec des voies variées, parfois étonnantes, des paysages et une ambiance exceptionnels.  

L’environnement:
A part Pipeline qui se trouve au bord de la route (mais qui possède ses difficultés propres, car qui aurait pu penser qu'on puisse ouvrir une voie avec 4 longueurs de traversée?), on se trouve dans un environnement typé montagne, même si l'altitude n'est pas exceptionnelle (1600m environ aux Trois Becs). Je reproduis quelques commentaires d'un blog local à propos de ce secteur: "...ses falaises demandent autant de notions d'escalade que de montagne. L'escalade se déroule dans des fissures, des dévers, des dièdres mais surtout sur de magnifiques dalles à silex caractéristiques. Certains habitués des falaises hyper aseptisées à 2 mn du parking trouvent le rocher moyen (c'est parfois vrai, il faut faire attention), les marches d'approche longues (je confirme!), mais il ne faut pas oublier qu'on ne grimpe pas aux 3 Becs, on fait de la montagne"
Voilà, vous êtes prévenus.

L'équipement:
On lit souvent dans les topos "quelques friends peuvent être utiles" quand les voies sont équipées. Un conseil, prenez-en un jeu complet! L'équipement est souvent éloigné, et les cotations trompeuses. A part quelques pas de 6a ou 6a+, toutes les voies que nous avons faites sont dans le 5 sup max, hé bien ce n'est pas du 5 sup de SAE! Corollaire, il faut être à l'aise dans le 6a au niveau escalade, à l'aise dans la pose de friends et tout aussi important dans la recherche d'itinéraire. 

Un tel séjour de grimpe variée, difficile mais pas trop, n'aurait pas été possible sans notre Christian national. Aidé par ses connaissances locales (merci encore à Manu Ibarra pour ses topos et ses suggestions de voies) il nous a fait découvrir des voies exceptionnelles. Sont sens de l'itinéraire a parfois été mis à mal (cf. quelques exclamations du type "c'est quoi ce délire" venant d'en haut) mais il a toujours retrouvé le droit chemin.

un grand merci et un grand bravo également à Émilien, qui a grimpé en tête toute la semaine dans des voies typées terrain d'aventure.

Daniel



Commentaires

  1. Félicitations à l'équipe et au webmestre. J'ai fait deux fois chacunes les voies de St Guilhem-le-désert et la Tour des gémeaux (orthographe à corriger dans le texte) mais ignorant le Diois, les récits des voies m'ont enchanté.

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