Compte rendu du stage Alpin de la section, du 9 au 16 juillet 2016

Ce stage était initialement prévu dans les Dolomites Italiennes, mais les prévisions météo laissaient craindre de mauvaises conditions en milieu de semaine, ce qui risquait de nous coincer plusieurs jours sans pouvoir rien faire. Il fut donc décidé de se replier sur le Val d’Aoste.

Le groupe est nombreux : Loriane, Émilien, François, Philippe, Pierre, Daniel et Gilles.  Pour ce dernier c’est le retour à l’activité après plusieurs années d’interruption (nous tairons le nombre…), tout ce beau monde bien sûr emmené par Christian. Le départ est matinal sans plus,  rdv à 6h30 (mais où sont les départs à 5h du mat' d’antan?). On charge les 2 véhicules, le Scudo camionnette de Gilles, qui n’a que 2 places mais une grosse capacité de stockage, et le Qashqai de Philippe. 
Emilien et Loriane sont déjà partis, ils récupèreront François à l’aéroport de Nice,  et le plan c’est que tout le monde se retrouve dans le Val d’Aoste. Une précision quasi militaire, 2 colonnes convergeront sur l’objectif, la logistique est en béton.

Pourquoi tous ces détails automobiles et véhiculaires, me direz vous ? Nous l’allons compter tout à l’heure.

 Après un voyage sans histoire, et un arrêt déjeuner près de Valence, le Scudo et le Qashqai arrivent à Chamonix, à temps pour dîner au refuge du chalet du Tour. Le temps est au beau fixe, le moral aussi, tous les voyants sont au vert.

Lundi 11 juillet. Aiguilles rouges et panne de Qashqai

Le lendemain matin départ pour le Mont Oreb, dans les Aiguilles Rouges, en haut du vallon du Bérard. On atteint la voie après une jolie marche d’approche qui remonte le torrent.



La voir choisie est « l’été indien ».


En arrivant au pied, nous rencontrons de jeunes bouquetins peu farouches qui se laissent tranquillement photographier.




La voie fait 230m. D’après le topo elle est homogène dans le 5 sup avec quelques pas de 6a. Le topo mentionne aussi « escalade en finesse sur petits à-plats », c’est pour nous ! Les cordées sont faites : Christian avec Philippe et Gilles, Pierre avec Daniel. Le rocher n’est pas du granite mais du gneiss, ce qui ne change pas grand-chose, il n’y a pas davantage de prises, c’est « tout sur les pieds » et il n’y a rien pour les mains. Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de calcaire dans le massif de Chamonix ? Après une période d’adaptation chacun trouve ses marques, on s’aperçoit que l’adhérence est très bonne, il faut juste se persuader que ça va tenir !



On redescend tranquillement, il fait chaud. La question qui se pose alors, c’est de savoir si on passe en Italie par le tunnel du Mont Blanc ou par la Suisse et le tunnel du Grand Saint Bernard (non pas le nôtre, de Bernard, celui qui a une barbe, mais celui qui a quatre pattes et un petit tonneau accroché au cou :). C’est dimanche soir, et comme la circulation est régulée dans le tunnel du Mont Blanc, on craint des embouteillages, et on opte pour le passage par la Suisse. Tout se passe bien, le Qashqai mène le train, suivi par le Scudo, quand soudain Philippe ralentit et se gare sur le bas-côté, quelques kilomètres avant le tunnel. Damned ! Le moteur chauffe et n’a plus de puissance. En soulevant le capot, on découvre une durit percée.


S’en suit une tentative de réparation à base de ruban adhésif qui ne tiendra pas. Il ne reste qu’une solution, appeler l’assistance. Le temps de coordonner les secours, il est 19 heures et on commence à avoir faim. Pierre propose donc de faire cuire des pâtes qui, accompagnées d’un bocal de pesto, de fromage râpé et d’une bouteille de rouge, seront les bienvenues.


La dépanneuse arrive enfin, et charge la voiture. 



Tout le monde redescend vers Martigny, ville sans grand charme située dans une cuvette où il doit faire 30 degrés, connue pour ses collections d’art moderne et son garage Nissan. Le dépanneur décharge l’auto, nous dit au revoir et s’en va. Il est 22h. S’en suit un grand moment de solitude collective. L’assistance a bien réservé des chambres d’hôtel, mais pris par l’émotion, Philippe ne se souvient pas du nom. Après quelques instants de flottement on a le nom et  le numéro de téléphone, on passe un coup de fil et le patron vient nous chercher lui-même. Le temps de s’installer dans les chambres, on peut regarder à la télé la fin de la finale de l’Euro et voir le  but du Portugal. Il y a des jours comme ça…

Lundi 11 juillet. Grimpe Helvète

Lundi on retrouve Loriane, Émilien et François, qui ont passé la nuit dans le Val d’Aoste, et se sont réveillés dans un décor de  carte postale. 




On les récupère à la gare du Chatelard, en Suisse, juste après la frontière. Nous irons grimper tout près, au dessus du village de Barberine. Le départ est un peu difficile à trouver dans le sous bois mais les voies sont indiquées. Les cordées se répartissent entre 2 voies: "La Barbourine", et "Sylvie Phobie" un peu plus à droite. 

Les voies sont souternues, 6c/6a+ obligatoire pour Sylvie Phobie,  6c:6b/A0 pour La Barbourine. Pas de doute, ça va envoyer, ça sent le tire au clou!

Le départ de Sylvie - phobie indiqué par une plaque polie.

Sur les pieds, on vous dit!



Christian et Loriane dans un passage athlétique

Rafraîchir les pieds, ça fait du bien!

Après cette journée de belle grimpe sous un beau soleil, on s’installe au chalet "Skiroc" à Vallorcine, un centre de vacances qui va devenir notre camp de base. Christian a contacté des amis à lui et se fait prêter un véhicule. 

Mardi 12 juillet. Climbing in the rain

Mardi matin il pleut des cordes, mais Christian a un plan, une falaise en Suisse au dessus de Monthey. Elle est protégée par un surplomb, qui permettra de grimper à l’abri, dans une ambiance de forêt embrumée. Les voies sont intéressantes, pas forcément données, avec un rocher un peu pulvérulent qui n’incite pas à la confiance, mais après une période d’accoutumance, tout le monde apprécie de retrouver le calcaire, qui quoi qu’on en dise a des prises, lui, contrairement au granite et autre gneiss qui en sont cruellement dépourvus.

Le nom des voies est peint sur des pierres arrondies.

2 longueurs seulement, mais une belle ampleur





Pendant ce temps là, Philippe et Gilles vont chercher la voiture de Philippe, qui devait être prête, mais ne l’est malheureusement pas. Le garage ne trouve pas la panne, il y a un problème avec une sonde, elle devrait être prête dans 2 jours.
En redescendant,  le véhicule prêté par Martin, un des potes de Christian, une vénérable Ford Escort, nous fait un coup de calcaire. Voyant rouge allumé, nous nous empressons de remettre de l’eau. L’Escort n’était dispo que pour une journée, mais un autre copain guide de Christian va nous prêter sa voiture, un gros break Skoda, en échange du Scudo de Gilles (vous suivez ?).
Un air de déjà vu...

Mercredi 13 juillet. Montée au refuge

Pour mercredi, le temps dans le Val d’Aoste est annoncé beau, et nous décidons de monter en refuge avec armes et bagages. La destination choisie est le refuge Dalmazzi, ou refuge du Triolet, situé à 2590m. Il est situé sur une terrasse avec vue sur le glacier du Triolet. La montée se fait d’abord en remontant le vallon,



Pause en bordure du pierrier avant d'attaquer le gros de la montée

Le refuge perché sur son rocher

Après le pierrier la pente se fait plus rude, avec des passages équipés de cordes fixes et d’échelons scellés dans la roche. 

Le glacier du Triolet


Le refuge

En arrivant il souffle un vent glacial. Heureusement il y a des voies tout près du refuge. 


Deux cordées optent pour la voie catalane: Christian Gilles et Philippe, Loriane Émilien et Daniel.  Pour nous l’escalade sera plaisante, pas trop dure, sur des dalles à bonne adhérence, mais il ne fait pas chaud. Il y aura même quelques averses de neige/grésil, dont Loriane pourra bénéficier à chaque fois qu’elle grimpera en tête!


Quand on vous dit que le granite, çà adhère. Même en grosses!

Loriane dans la bourrasque

 François et Pierre feront une voie plus à gauche. A voir leurs photos, ils n'ont pas eu chaud non plus!
Le retour de Walter Bonnati?


Regroupement au sommet

Philippe commence à descendre pendant qu’Émilien arrive au sommet
Des sourires malgré le froid

En 3 rappels et 2 minutes de marche, nous sommes au chaud au refuge. Le repas du soir, minestrone, pâtes, rôti de porc aux lentilles, flan au chocolat, arrosé d’une bonne bouteille de rouge (merci Gilles!) achève de nous réchauffer.

Jeudi 14 juillet. Retraite stratégique sur des positions préparées à l'avance

Le lendemain c'est le 14 juillet, mais ce n'est pas la fête. Malheureusement, il fait toujours aussi froid, il a même neigé pendant la nuit. Le paysage est magnifique, mais le vent souffle toujours et on décide de redescendre pour trouver la chaleur.




On se replie sur Arnad, près de Courmayeur. Là il fait chaud, on passe de zéro à 25 degrés, le contraste est rude, mais on ne se plaint pas, contents de retrouver la chaleur.

La voie choisie par le gros de la troupe est "Mitico vento", une voie longue, 12 longueurs, à priori facile avec quelques passages plus durs, à commencer par la première longueur en dalle fine, L8 en 6b et L11 en 6a. 

Pierre et Daniel optent pour une voie un peu plus à droite, la voie Pénélope, ce qui va se révéler être tout une aventure. 
La dalle de L1.

Après une première longueur en dalle, on fait une 2ème longueur de… via ferrata. D’après le topo, l’itinéraire part vers la droite, nous traversons donc à l’horizontale pour trouver des buissons, des ronces, mais pas de départ de voie. Finalement une plaque martelée indique le pied de la voie, mais pas de points au dessus, ou alors très très haut, on n’y comprend rien. Par contre il y a de l’équipement de via ferrata, mais les câbles sont cassés, les échelons tordus. Nous reconstituons les évènements: la  voie a d’abord été phagocytée par la ferrata, puis un éboulement, dont la trace est marquée sur la falaise par une plaque orange, a tout emporté, arrachant les câbles et tordant les échelons. Elémentaire, mon cher Watson. Mais après cette brillante déduction, nous voilà bien avancés! La seule option (en dehors du bar au pied de la falaise, on y a pensé…) est de rebrousser chemin et de rejoindre les autres dans Mitico Vento. C’est sympa, plutôt de la dalle en adhérence  et nous grimpons en réversible. Arrivé à un relais, je fais monter Pierre qui me dit l’air un peu penaud, "euh, Daniel, j’ai perdu une de mes chaussures d’approche". Ah, c’est embêtant, et en plus une paire toute neuve! Trouver un unijambiste sur le Bon Coin qui serait intéressé par celle qui reste risque de ne pas être facile. Une seule option, redescendre en rappel pour essayer de retrouver la chaussure. Moi ça me va bien, vu qu’il commence à faire frais, que la pluie s’annonce, et que ni Pierre ni moi n’avons d’imperméable. Ben non, il faisait si beau en début d’après midi. Et en plus la longueur suivante est un 6b qui a l’air athlétique. 
On redescend donc 2 longueurs en rappel et Pierre va faire le sanglier pendant 10 bonnes minutes dans le sous bois à la recherche de la chaussure, hélas en vain. Et en plus il commence à pleuvoir vraiment. On, finit donc notre descente, bientôt rejoints par le reste de la bande qui vu le temps n‘est pas allé tout en haut. Ne pouvant redescendre par le chemin prévu, ils tirent eux aussi des rappels.


Vendredi 15 juillet. Grimpe avec vue.

Vendredi, de retour à Chamonix, le choix se porte sur une voie au dessus du téléphérique du Brévent. Philippe doit aller à Martigny récupérer la voiture enfin réparée. Daniel en profite pour se défiler et prendre une journée de repos sous prétexte de ne pas laisser Philippe tout seul. François a un peu mal au dos et montera avec les autres mais se contentera d'une rando. La fatigue commence à se faire sentir. Les rescapés feront la voie "cocher-cochon" au clocher de Planpraz. D’après les photos c'était magnifique, mais comme ils ont raté la dernière benne et ont dû redescendre à pied, pas trop de regrets.  

Vue sur le Mont Blanc


Le clocher

Les acrobates dans le dernier pas




Christian remporte le concours de la plus belle photo de la semaine

La soirée se termine dans un pizzeria à Chamonix, qui a accueilli peu de temps avant la coupe du monde de difficulté, dont il reste encore quelques traces.
Vous avez dit dévers?

Samedi 16 juillet. L'apothéose

Samedi il fait grand beau, et pour ce dernier jour nous irons en Suisse, au dessus du barrage d'Emosson. Nous grimperons au grand perron. Le barrage est à 1900m d'altitude, la marche d'approche prend près de 3 heures, avec une vue superbe sur le Mont Blanc.

 Le lac d'Emosson


Arrivée au pied de la paroi
Pierre monte sur la droite du névé pour accéder à la voie qu'il fera avec Daniel

Les 2 cordées dans la première difficulté peu après de départ

Petit train dans la dalle

Pierre dans le dièdre en tête, c'est chaud!

En second ça passe un peu plus facilement

Loriane et Émilien au relais
La troupe au sommet

Une dernière bière avec vue sur le Mont Blanc pour fêter ça.

Mais il se fait tard, et il faut encore redescendre au gite. Nous avons (un peu) moins soif, mais de plus en plus faim. Après quelques refus (désolé, on vient de fermer la cuisine...) nous trouvons une pizzeria (encore une) à Argentière qui sert jusqu'à 23h. Sauvés! 

Cette journée termine le séjour en beauté. Malgré les soucis de moteur du Qashqai et la météo pas toujours optimale, nous avons pu grimper tous les jours et dormir tous les soirs dans un lit, et ce grâce à Christian, qui s'est démené toute la semaine pour trouver des véhicules, des hébergements, et des itinéraires adaptés pour tout le monde. Christian, un grand bravo et un grand merci!

Merci au reste de la troupe pour la bonne humeur et l'esprit d'équipe qui ont accompagné ce séjour. On va où, l'année prochaine?
Daniel, avec Christian, François et Loriane pour les photos.



Commentaires

  1. Merci pour ce beau compte-rendu Daniel !
    L'année prochaine, on va au chaud !!!!

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